Fin 2020, de retour dans mon pays après plusieurs années en France, je souhaite créer un label textile durable, entièrement traçable, qui puisera toute ses ressources dans le patrimoine d’art textile local et qui inclura à part entière celles et ceux qui le pratiquent et le sauvegardent, Falé.

L’absence de matière textile naturelle dans mon pays, l’extinction des savoir-faire traditionnels de ses cultures m’a poussé dans quelques extrêmes dépassant le dessein de création d’une forme. Michel ange a écrit « L'art vit de contraintes et meurt de liberté ».

A mon sens, Falé est comme un mythe dogmatique, celui appartenant à nos traditions orales africaines.

Il prend racine au sein des peuples ethniques d’Afrique sahélienne, à travers le tissage artisanal. Il permute dans une Afrique païenne, habillant les morts, puis religieuse couvrant le sexe de la femme. Aujourd’hui encore, parmi le peuple seereer et mandingue , nombreux sont les guérisseurs qui l’utilise pour fabriquer le téré *.

Son assignation est passé d’un genre à un autre, sans complexe puisqu’il a d’abord été le travail d’un homme avant d’être celui de la femme.Avec sa valeur de nature empirique, il a pleinement joué le rôle de monnaie et s’est maintenu jusqu’au début du XXe siècle parmi les compensations matrimoniales, notamment chez les peuls.

Falé, c’est la tradition culturelle pour beaucoup de peuples d’Afrique qui consiste à transformer le coton en fil, à la main.

Dans la langue la plus parlée de la ville où j’ai grandi, le wolof,

Celles de ma mère, le peul et le bambara,

Celle de mon père, le soninké,

Celle de la région où j’habite, le seereer,

« Falé » désigne et évoque exactement la même chose.

Et c’est précisément ma soif de valorisation de nos savoir-faire traditionnels et multiculturels africains qui va ériger mon processus de création.

Fatim Soumaré, Co-fondatrice