Fatim Soumaré est artiste plasticienne et tisserande, elle est née et a grandi au Sénégal. Depuis son enfance elle est continuellement initiée à l’artisanat textile traditionnel ouest africain de par sa mère artisane teinturière.
Fin 2020, de retour dans son pays après 12 ans en France, elle sillonne le sud du Sénégal et s’éprend de la tradition de filature du coton pluvial à la main, le Falé. Fatim a souhaité mettre en lumière ce savoir-faire saisissant qui est en voie de disparition, en créant un collectif d’artisanat textile Falé avec aujourd’hui 200 artisanes fileuses qui vivent dans 5 villages insulaires du Sine Saloum, pour qu’il subsiste et continue à se transmettre. L’étape suivante fût la création d’un atelier pour y concevoir des textiles d’exception, Fatim est alors rejointe par son associé (et mari) Laurent Grisel pour le développement de la maison.
Falé est comme un mythe dogmatique, celui appartenant à nos traditions orales africaines.
Il prend racine au sein des peuples ethniques d’Afrique sahélienne, à travers le tissage artisanal. Il permute dans une Afrique païenne, habillant les morts, puis religieuse couvrant le sexe de la femme. Aujourd’hui encore, parmi le peuple seereer et mandingue , nombreux sont les guérisseurs qui l’utilise pour fabriquer le téré *.
Son assignation est passé d’un genre à un autre, sans complexe puisqu’il a d’abord été le travail d’un homme avant d’être celui de la femme.Avec sa valeur de nature empirique, il a pleinement joué le rôle de monnaie et s’est maintenu jusqu’au début du XXe siècle parmi les compensations matrimoniales, notamment chez les peuls.
Falé, c’est la tradition culturelle pour beaucoup de peuples d’Afrique qui consiste à transformer le coton en fil, à la main.
"Dans la langue la plus parlée de la ville où j’ai grandi, le wolof,
Celles de ma mère, le peul et le bambara,
Celle de mon père, le soninké,
Celle de la région où j’habite, le seereer,
« Falé » désigne et évoque exactement la même chose.
Et c’est précisément ma soif de valorisation de nos savoir-faire traditionnels et multiculturels africains qui va ériger mon processus de création."
Fatim Soumaré