2020 – 2021 : Le sillonnage.

Le Sénégal est un cotonculteur pluvial comme beaucoup d’autres pays d’Afrique qui se sont évertués à entretenir une culture du coton en phase avec la nature, sans aucune consommation d’eau issue des nappes phréatiques ou de toute autre source potable, avec des semences arrosées à coup de fortes pluies et des fibres cueillies à la main, ce qui garantit un haut niveau de pureté.

Toutefois, comme dans beaucoup d’autres pays d’Afrique, la fibre est exportée en quasi-totalité à l’état brut et démarre alors pour elle, un voyage aussi long que biscornu. Filature au Bangladesh, tissage en Chine ou au Portugal (cela dépend du client final), confection locale des vêtements (pour les plus consciencieux) et commercialisation internationale.

Nous nous sommes interrogés sur la manière de valoriser cette forme de culture si peu connue et apocryphe.

2022 - : La Renaissance du Falé.

C’est à partir de l’été 2021, que notre collectif d’artisanes fileuses émergea à travers notre travail de reconstitution historique et de revalorisation des savoir-faire ancestraux, par la restauration d’une tradition culturelle africaine, de filature artisanale du coton bio et pluvial locale, le FALÉ.

Nous accompagnons 200 artisanes fileuses dans les villages de Fayil, Ndérane, Simal, Fa Sakhor, Mar lodj de la région du Sine Saloum (sud-ouest du Sénégal).Nous achetons le coton biologique (certifié Ecocert) et pluvial brut auprès de la société cotonnière qui fédèrent l’ensemble des cotonculteurs du pays.Son nettoyage et cardage est effectué par une usine textile dans le sud-ouest, avant distribution de la fibre cardée au sein des villages où vivent nos fileuses.

Nous faisons des collectes une fois par mois auprès de notre collectif, dont nous ne repartons jamais sans des taasu mêlé de tagg et accompagné de sa danse.

Chaque femme nous remet son fil Falé dans un sac en coton nominatif.

Nous assurons notamment le développement et la pérennité de leur travail par des travaux de recherche et de reconstitution historique, et par l’innovation low-tech*.

Chaque pièce est entièrement confectionnée à la main dans notre atelier-lab installé à Djilor (Sine Saloum). De nombreux métiers d’artisanat d’art, comme le tissage traditionnel, la broderie main traditionnelle, le crochet, s’y côtoient, s’y mélangent et y évoluent de manière à nourrir notre créativité.

* Taasu : « sortes de poème ou récits populaires sénégalais qui peuvent être tour à tour satiriques, élogieux, paillards, ludiques ou moralisateurs ». Mohamed Mbougar SARR, De purs hommes, Editions Jimsaan, Dakar, 2018.

* Tagg : chants d’éloges généalogiques.

* Innovation low-tech : la technologie pour développer des améliorations utiles, accessibles et durables.